Débattre des mesures de protection et d'allégement
Le nouveau protocole ministériel visant un allègement post-vaccinal des mesures de protection en Ehpad et en USLD et un retour progressif à une vie sociale normale est une étape. Le CVS doit être consulté ou s’en saisir pour débattre et coconstruire avec la direction ces mesures d’allègements pour le bien-être des résidents, leur droit à une relation affective et intime avec leurs proches. Voici des points clefs de la rencontre Inter CVS du 13 mars, jour de l’entrée en vigueur du protocole
Des CVS extraordinaires ou ordinaires et des consultations sont prévus, à l’initiative de la direction ou de celle des représentants des familles, pour s’informer et débattre de la mise en œuvre du nouveau protocole. A Ballainvilliers, un CVS extraordinaire élargi eu lieu la semaine précédente, suite à un courrier des représentants des familles inquiets glissement de certains résidents et désireux que soient assouplies les conditions des visites.
Des disparités vis-à-vis des résidents dans les mesures sanitaires en place depuis des semaines. Certaines sont en partie justifiées par l’existence de cas Covid, d’autres pas. Ainsi dans des Ehpad, des résidents sont encore confinés en chambre, tandis que d’autres ont a autorisé les visites en chambre (Longpont)
Le syndrome du glissement, qui nous paraît pourtant de plus en plus fréquent, n’est pas évalué. La perte de poids des résidents, leur perte de repères, leur dégradation sur le plan physique, psychologique et cognitif sont visibles. Leur souffrance est palpable, parfois exprimée. Cet effet secondaire de la pandémie est rarement cité en cas d’hospitalisation ou de décès Il faudrait avoir une statistique nationale sur ces phénomènes de glissements et évoquer ce sujet en CVS.
Le sentiment des familles d’être dépossédées d’une relation normale avec leur proche gagne du terrain, surtout après la vaccination ou lors d’une fermeture complète d’Ehpad pendant des semaines, voire un mois suite à des cas Covid.
Les personnels éprouvés. Au bout d’un an de confinement et de semi-confinement, la charge de travail devient lourde, y compris sur le plan psychologique. L’absence de familles dans l’activité de l’Ehpad accroît le travail des professionnels qui se sentent de ce fait moins soutenus au quotidien. Cette absence de relations et d’échanges entraîne parfois un climat de défiance entre des personnels et des familles.
Le CVS entravé. Faute de pouvoir circuler dans l’Ehpad et de rencontrer les résidents, les familles et le personnel, les élus du CVS se sentent entravés dans leur fonction d’écoute et d’observation de la vie sociale dans l’établissement. Ceux qui disposent d’un réseau de familles et de leurs mails sont mieux armés. Dans des Ehpad, les échanges avec le CVS sont réguliers (Champcueil), dans d’autres le CVS ne s’est pas réuni depuis longtemps. A l’Ehpad St Joseph d’Étampes, le CVS a pu organiser une rencontre avec 20 familles dans un local municipal. A Corbeil (Galignani), le président du CVS profite de cette période pour participer à la consultation sur le projet d’établissement. A Morangis, le CVS s’investit dans la commission restauration et animation.
Les visites des proches sont toujours aussi contrôlées et limitées. Leur nombre et leur durée sont variées, allant du simple au double par semaine d’un établissement à un autre. À St-Pierre-du-Perray, un élu des familles donne chaque jour un coup de main pour l’accueil des visites. Des promenades en jardin réclamées par les CVS et recommandées par l’ARS ont pu avoir lieu, lors du retour du beau temps (Château de Lormoy à Longpont, Europa à Ballainvilliers, Château de Dranem à Ris-Orangis, Geneviève Laroque à Morangis, etc.) Leurs effets sur la santé physique et psychologique des résidents sont bénéfiques. C’est le plus souvent la présence de la famille qui permet ces sorties.
Les visites en chambre sont très rarement proposées. À Longpont, les familles ont eu l’autorisation de se rendre en chambre sans la présence du résident pour gérer ses affaires personnelles. A Ballainvilliers, au moment des fêtes de fin d’année, les visites en chambre ont été autorisées pendant 15 jours, suite aux recommandations gouvernementales. Elles le sont toujours, mais réservées aux résidents alités, comme à Leuville. Dans certains Ehpad, cette possibilité, pourtant prévue par l’ARS, est de fait limitée à la fin de vie. Le nouveau protocole ouvre enfin la porte des chambres.
Repas partagés. Le retour des repas entre résidents qui était très attendu, est positif. Des résidents (libres ou contraints) prennent encore leur repas en chambre, le CVS doit être attentif à ce qui le justifie et à ses conséquences. A Palaiseau, lors des fêtes de Noël, résidents et familles ont pu manger ensemble après un test obligatoire.
Animations et activités stimulantes. La plupart des animations ont repris, le plus souvent par unité pour limiter les contaminations. L’attention doit porter sur l’adaptation et la diversification de l’offre selon les pathologies des résidents. Les postes d’animations sont inégalement pourvus. L’existence de Pasa (Pôles d’activités et des soins adaptés) est un bienfait pour les résidents concernés. Le retour au bénévolat est à demander, lorsqu’il n’est pas prévu.
Vaccinations. Elle s'est dans l’ensemble s’est bien passée pour les résidents : 70% à 90 % d’entre eux ont reçu leur première dose sans conséquences pour leur santé. Quelques familles présentes ont même pu en bénéficier. Par contre le malaise et l’incompréhension grandissent autour du faible nombre de personnels vaccinés (même si certains Ehpad ont dépassé les 50 %). Les du CVS considèrent que la contamination est plus susceptible d’arriver par les personnels qui travaillent au plus près des résidents, que par les familles dont les visites sont rares et extrêmement contrôlées. Certains Ehpad ont même imposé un test anti COVID (antigénique ou PCR) pour chaque visite, alors qu’il ne s’agit que d’une incitation du ministère. Par ailleurs le personnel n’est pas toujours testé chaque semaine, comme recommandé par l’ARS
Attitude et relation avec la direction. La crainte des variants, plus contagieux est présente dans la plupart établissements. La multiplicité des consignes sanitaires laisse peu de place à l’innovation et à la prise de risque. Les directions qui dialoguent avec le CVS s’en sortent mieux. La communication avec les familles a dans l’ensemble été plus transparente que lors de la première vague. Des directions se servent des recommandations de l’ARS pour durcir les restrictions sanitaires. Le nouveau protocole ministériel doit ouvrir des perspectives. Dans des Ehpad, l’absence pour maladie d’un directeur ou son départ, malgré son remplacement temporaire, ne facilite pas la bonne gestion de la crise.
Légalité du confinement. Les élus CVS comprennent la nécessité des mesures de protection sanitaire. Mais, comme le Conseil d’Etat ils estiment l’interdiction des sorties en familles disproportionnée et contraires aux libertés du citoyen. Ils s’interrogent aussi sur la légalité des autres restrictions et la mise en danger d’autrui par la non vaccination des personnels.