Pas-de-Calais: une école maternelle en construction dans un Ehpad
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Pour ouvrir l'Ehpad sur l'extérieur, la municipalité de Barlin et l'établissement Les Charmilles, géré par l'Association hospitalière Nord Artois Clinique, ont souhaité construire un lieu intergénérationnel.
Dans quelques mois, début 2023, l'établissement associatif Les Charmilles, qui comprend également la résidence autonomie Les Trèfles, situé à Barlin dans le Pas-de-Calais, risque de prendre un coup de jeune.
La mairie de cette commune d'environ 7.500 âmes a choisi avec l'Association hospitalière Nord Artois clinique (Ahnac) de déplacer l'école maternelle Maryse-Bastié à deux kilomètres de là au sein des locaux de l'Ehpad.
"Ce projet est une suite logique chez l'Ahnac très impliquée dans le bien-vieillir et qui souhaite répondre à l'objectif du 'tiers-lieu' de l'Ehpad", a expliqué le 29 août à Gerontonews Eric Batcave, directeur du pôle médico-social à l'association. Avec l'implantation d'une école, l'idée est de "favoriser la pratique d'activités communes entre les résidents et les enfants", a-t-il ajouté.
La mairie est de son côté très dynamique sur la thématique. C'est même le maire, Julien Dagbert (PS), qui a proposé de se lancer. "À la base, nous étions en réunion pour trouver une solution à certains de mes salariés dont les enfants n'avaient pas été acceptés à la cantine scolaire faute de place. J'ai proposé que l'Ehpad prépare des repas pour les établissements du coin et le maire a plutôt lancé l'idée de déplacer l'école. Cela fait sourire, mais finalement, pourquoi pas?", a raconté à Gerontonews le 29 août, Chrystelle Sénéchal, la directrice de l'Ehpad.
Un dossier est déposé en novembre 2021 dans le cadre de l'appel à projets de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) pour déployer les Ehpad tiers lieux. Au final, 25 lauréats sont désignés, et le projet de l'école maternelle ne fait pas partie des grands gagnants. "J'étais déçue, mais quelques jours après l'ARS [agence régionale de santé] me rappelle, me pose des questions et décide de nous accorder une subvention", a-t-elle poursuivi.
Pour accueillir les enfants, l'Ehpad qui propose 66 chambres individuelles et une unité de vie spécifique de 12 places pour des résidents Alzheimer, doit entamer des travaux extérieurs et intérieurs. "À l’intérieur, nous transformons une salle de 250 m² en deux salles de classe, nous construisons des toilettes et une salle de dodo pour les petits ainsi qu'un coin cantine, car une dizaine sont demi-pensionnaires. Il y a aussi de la décoration à faire. À l’extérieur, il faut créer une cour de récré avec un accès réservé à l'école, car les enfants ne rentreront pas par l'Ehpad", a développé la directrice de l'Ehpad.
À ce jour, seuls les travaux extérieurs ont débuté. Le reste commencera "fin septembre".
Le budget total des travaux est estimé à 345.000 euros. L'ARS finance une partie avec une subvention de 150.000 euros et la mairie apporte 120.000 euros. Pour le reste, la directrice de l'Ehpad compte trouver une autre source de financement pour mener à bien le projet. L'école devrait ouvrir ses portes en janvier 2023.
Au total, une trentaine d'enfants (une classe de petite section et une de moyenne/grande section) déménageront dans ces nouveaux locaux. Concernant les activités, elles n'ont pas été tout à fait mises au point. "Le rectorat qui a donné son aval au projet veut que le programme éducatif soit respecté. Nous travaillerons dessus avec les deux institutrices à la fin de l'année. Les activités intergénérationnelles se feront avec les résidents volontaires et seront programmées à l'avance", a expliqué Chrystelle Sénéchal.
Parmi les activités imaginées par la directrice, "des petites activités physiques et motrices", "la préparation de Noël et de Pâques" ou encore "l'organisation de spectacles".
Néanmoins, le mélange se fera progressivement. "Le CVS [Conseil de la vie sociale] avait été sollicité pour avis avant le dépôt du dossier, et majoritairement les résidents sont enthousiastes et estiment que cela va mettre de l'ambiance dans la résidence. Mais on ne veut pas faire les choses trop vite pour que les résidents n'aient pas cette impression qu'on leur prenne leur espace et qu'on leur impose une activité. En revanche, de petites activités comme faire des gaufres un après-midi pourquoi pas", a-t-elle développé.
sm/ab