Une vaccination bienvenue, mais sans conséquences annoncées sur les conditions des visites
Les élus de CVS de l’Essonne continuent d’échanger, en période de crise sanitaire, sur les pratiques de leur établissement et sur leur rôle au sein de celui-ci. Une réunion Inter-CVS s’est tenue en visio samedi 23 janvier 2021. Elle a réuni une douzaine de participants. D’autres représentants des familles, qui ne pouvaient pas y assister, ont envoyé un courrier pour rendre compte de la situation dans leur Ehpad.
Campagne de vaccination contre la Covid
Les résidents de tous les établissements contactés ont été vaccinés courant janvier (sauf en cas de Covid récent). Environ 10% ne l’ont pas été, soit parce qu’ils ne le souhaitaient pas ou que leur famille/tuteur ne le souhaitait pas, soit parce que leur état de santé ne le permettait pas ou qu’ils avaient eu le Covid depuis moins de 3 mois. Dans la majorité des cas, les médecins ont pris la peine d’expliquer à chacun (et à chaque famille, par téléphone ou par courrier) l’intérêt de la vaccination et la liberté du résident de se faire vacciner ou non. Les CVS ont le plus souvent été consultés, parfois tardivement.
Les personnels de plus de 50 ans ou à risque ont été beaucoup moins nombreux à se faire vacciner en revanche (entre 20 et 30 %) ce que déplorent les représentants des familles présents, malgré que le vaccin ne soit pas obligatoire. Pourquoi exiger aux visiteurs et aux familles un contrôle accru, une forte incitation aux tests, si le personnel ne se protège pas ? Certes, il ne s’agit pas de discriminer les personnels et les résidents qui n’ont pas pu ou pas voulu être vaccinés.
Dans des Ehpad attenant à un hôpital, la vaccination a démarré début janvier et ailleurs fin janvier. On peu s’interroger sur ce traitement différencié vu la pénurie temporaire de vaccins.
Notre Inter CVS, s’oppose à l’idée de ne plus cibler les vaccins vers les plus vieux (« qui ont assez vécu ») pour soulager les plus jeunes. Nous rejoignons les réactions d’Age village, l’Ad-Pa (association de directeurs) et de nombreuses associations qui dénoncent la stigmatisation des personnes âgées de certaines personnalités, alors que les plus vieux sont les plus fragile et les plus touchés par la pandémie.
Conditions des visites
Les élus de CVS regrettent également que la vaccination ne permette pas à moyen terme d’améliorer les conditions des visites qui, après un léger assouplissement bienvenu pendant les vacances de Noël dans la majorité des Ehpad, sont de nouveau très strictes. Dans quelques Ehpad, seuls les résidents alités et/ou dans un état critique peuvent recevoir une visite dans leur chambre. Les familles ont pu se rendre compte, pendant les vacances, que celle-ci était parfois en désordre mais, surtout, elles ont apprécié de revoir leur proche dans son univers et dans une ambiance plus conviviale. Ce dernier également. A l’ Ehpad Europa de Ballainvilliers au moment des fêtes de fin d’année, pendant 15 jours, les visites encadrées en chambre ont été bénéfiques pour les résidents, les familles et le personnel. Preuve que le retour à une vie sociale complète est salutaire pour tous.
Le protocole ministériel du 24 janvier est trop strict. Il suspend les visites dès lors qu’un cas Covid est détecté dans les dix derniers jours. Cette mesure devrait être évitée par l’isolement de la personne contaminée, voire par une unité Covid ou au moins réduite dans le temps. Des directions d’Ehpad s’appuient sur d’autres consignes, effectives ou pas, pour restreindre les visites et donc les libertés des résidents et des familles. Si toutes les familles rendaient visites à leurs proches, celles-ci ne pourraient avoir lieu une fois par mois ou tous les deux mois. Celles qui sont le plus impliquées, parfois quotidiennement dans la visite et la vie de l’établissement, sont pénalisées. On peut avec des moyens et des protections adaptés, comme le propose la déléguée générale du Synerpa (syndicat national des Ehpad lucratifs), pour instaurer des visites en chambre.
Le bénévolat prévu dans les consignes sanitaires est peu pratiqué, voire suspendu pendant la crise. C’est tout aussi regrettable, alors que cela pourrait accroitre le nombre de visites et améliorer le climat social.
Inquiétudes sur la santé des résidents
Les élus de CVS s’inquiètent des phénomènes de glissement et, pour la plupart, ont constaté une dégradation de l’état cognitif de leur proche, ainsi qu’une perte de poids importante en un an, majorant les risques de chute. En réalité, la crise sanitaire ne fait que renforcer des problèmes antérieurs, liés au manque de personnel et, parfois, à son manque de qualification. Il faudrait rendre le métier d’aide-soignant plus attractif financièrement, et mieux le former.
De plus, quelques cas Covid dans des Ehpad ont suspendu la vaccination et les visites, sans garantie que les résidents pourront être vaccinés plus tard, selon les stocks disponibles
Beaucoup de familles ont l’impression que, depuis quelques mois, la vie de leur proche leur échappe et ne peuvent s’empêcher d’éprouver un sentiment d’inquiétude, voire de suspicion. Comment échanger avec les soignants, les autres résidents et les autres familles si on ne les rencontre plus ? Comment évaluer l’ambiance et l’état du lieu de vie, si l’on visite son proche dans des salles dédiées et pas dans leur chambre ? Comment s’assurer qu’il est bien soigné, bien habillé, bien coiffé, bien traité et bien nourri au quotidien ?
Rôle des CVS
Cette situation complique la tâche du représentant des familles, qui peine à obtenir des informations, à les recouper. Dans les établissements où les relations avec la direction sont cordiales, des CVS ont pu avoir lieu et se sont même multipliés. Ailleurs, la direction prend pour prétexte l’épidémie pour ne pas organiser de CVS, voire pour ne pas organiser d’élections là où elles seraient nécessaires, se mettant hors-la-loi.
L’Inter-CVS 91 rappelle qu’il milite pour la création, dans chaque département, d’une instance de recours pour lutter contre ces situations. Toutes les consignes gouvernementales insistent d’ailleurs, depuis plusieurs mois, sur la nécessité de consulter le CVS dans de nombreux cas, entre autres pour l’organisation des visites qui concernent, au premier chef, les usagers.
Faute de leçons à tirer avec le CVS dans une démarche éthique (voir document ci -joint sur des repères éthiques) et de retour progressif à une vie sociale intégrale, les tensions risquent de se poursuivent après 10 mois de confinement complet ou partiel.