Ehpad de Corbeil, foisonnement d’un lieu de vie et d’envies
Après la crise sanitaire de 2020, l’Ehpad public « La Maison d’Accueil Galignani » de Corbeil-Essonnes a accru ses activités sociales et culturelles. Illustrations
Le premier acte structurant la vie des résidents a été des ateliers d’écriture. « Le plaisir à écrire, se raconter, témoigner d’une époque s’est vite manifesté » explique Isabelle Desmoulins, la psychologue de l’Ehpad. Elle poursuit : « le gout d’écrire pour soi, mais aussi pour les autres, pour être lu est devenu un plaisir pour partager et transmettre des recueils à leurs proches. C’est aussi laisser une trace et donner un avenir au passé». Puis, cette démarche a pris une autre ampleur avec le projet Culture et Santé (Financement ARS, DRAC, Fondation de France, EHPAD…) en partenariat avec la compagnie Liria La première année, des ateliers hebdomadaires de pratiques artistiques autour des souvenirs et des contes ont été mis en place : veillées-conte, lecture poétique des souvenirs des résidents, édition d’un recueil…Ces ateliers ont évolué, et depuis 2 ans, deux artistes animent des ateliers théâtre avec une quinzaine de résidents chaque semaine. Ils sont ouverts à l’ensemble des résidents y compris ceux présentant des troubles cognitifs.
Les résidents sont très impliqués et prennent beaucoup de plaisir à se costumer, jouer des personnages, faire semblant…Ces ateliers tendent à améliorer l’estime et la confiance en soi et développer des relations avec les autres.
Ce projet comprend également l’intervention d’artiste au chevet des résidents (2 fois/mois). Par ailleurs, une fois par mois, un spectacle de qualité et une exposition artistique (peintures, photos, dessins, céramiques, sculptures…) sont organisés en collaboration avec la compagnie Liria qui offre une grande richesse et diversité artistiques.
De l’écriture au jardin des souvenirs
La vie sociale se développe également à partir d’autres ateliers : peinture, mémoire, bien-être et estime de soi, créations, gymnastique douce…organisés par l’animatrice Marlène Marques de l’Ehpad. Le jardin des senteurs ouvre des plaisirs, à partir de fruits et légumes cultivés, récoltés et cuisinés avec les résidents dans le cadre d’un atelier cuisine. A cela s’ajoutent des visites en chambre des résidents qui ne peuvent ou ne veulent pas sortir. Face au constat d’un repli sur-soi ou d’un refus chez un certain nombre de résidents, elle met en place, en novembre 2022, un projet de médiation animal. En parallèle, elle suit une formation en «Médiation par l’animal en établissements de soin et psychiatrie» permettant d’acquérir les compétences théoriques et pratiques nécessaires pour le titre de « thérapeute en médiation animale ». Depuis, son chien Gabin l’accompagne auprès des résidents dans un rôle de stimulation et de communication avec eux. Il facilite les soins auprès des résidents et participe également aux accompagnements de fin de vie.
Après l’espace pour le deuil co-construit en 2021 avec des professionnels, des résidents et des familles. http://eluscvs91.over-blog.com/2022/02/l-accompagnement-autour-du-deuil-une-dignite-reconnue.html , un jardin des souvenirs a été réalisé avec la plantation d’un olivier sur lequel sont accrochées pendant un mois des plaques en mémoire des résidents disparus.
Un autre Ehpad « hors les murs »
L’ouverture sur l’extérieur donne envie. Les spectacles dont des marionnettes géantes qui ont beaucoup plu, sont ouverts aux habitants de la ville (informés par le site et journal de la ville), à d’autres établissements (fondation Dassault, Unité Post-cure, Ecole primaire, Centre aéré…)
Les sorties sur le marché, au restaurant ou pour un goûter sont courantes ; les messes et la chorale dans le jardin aussi. L’intergénérationnel avec 5 classes de 15 enfants de CP et CE1 (école Malraux) impliqués à tour de rôle dans les ateliers est apprécié par tous.
Des « ateliers Louvre » avec un médiateur d’art sont également au programme, 11 résidents ont pu visiter l’exposition « le Louvre à l’hôpital » au Centre Hospitalier Sud Francilien.
Une dynamique et un regard différent
Sous l’impulsion également de la directrice de l’Ehpad, Nadia Carcasset, d’autres projets naissent: sortie à la patinoire d’Evry en fauteuil sur glace, aquagym douce à la piscine, rencontres avec des collégiens futurs athlètes de natation, dont neuf sont logés dans des chambres vacantes de l’établissement.
Un dojo solidaire est en projet avec des cours de yoga, de sport adapté pour les résidents ; en dehors de ces temps, le dojo sera mis à disposition de différentes fédérations sportives.
Ces projets amènent une vraie dynamique d’équipe et un regard différent sur les résidents.
Ce lieu de vie et d’envies foisonne avec Marlène Marques animatrice depuis 1999 en collaboration avec la psychologue Isabelle Desmoulins, les hôtelières, des aides-soignantes pour certaines animations relate François Curti représentant l’Inter CVS au conseil de la vie sociale. «Plus encore, précise-t-il, six associations se rendent en semaine dans l’Ehpad et 23 bénévoles participent à ces multiples activités »