Covid-19: la non vaccination de tous le personnel en Ehpad est problème majeur

Publié le par Réseau inter CVS 91

Voici l'intégralité, d'un article de Gerontonews que pose bien le problème de la faible vaccination des personnels en Ehpad et ses conséquences pour les résidents et les soignants. Plusieurs élus de nos CVS ont réagit contre cette situation 

Covid-19: la vaccination des soignants Ehpad reste un enjeu

Plusieurs médecins et chercheurs encouragent les professionnels d'Ehpad toujours réfractaires à se faire vacciner contre le Covid-19, assurant à la fois que le virus se propage majoritairement par eux et que l'injection a un effet réel sur la transmission.

"Les soignants ont un rôle à jouer dans cette crise, notamment dans la vaccination", a résumé le Pr Odile Launay, directrice du Centre d'investigation clinique de vaccinologie Cochin-Pasteur à Paris, le 11 mai lors de la journée scientifique de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) organisée en visioconférence.

Cet événement a consacré une session à la vaccination anti-Covid des soignants en Ehpad, un sujet délicat s'il en est depuis le début d'année.

La vaccination des personnels de santé est ouverte depuis le 4 janvier aux plus de 50 ans ou à ceux qui présentent une comorbidité. Elle a été élargie à tous les professionnels de santé et du médico-social le 6 février.

Mais contre toute attente, les soignants d'Ehpad ne se sont pas précipités.

Si, au 12 mai, près de 82% des professionnels de ces structures et des unités de soins de longue durée (USLD) avaient reçu une dose de vaccin anti-Covid, selon le site Géodes de Santé publique France, force est de constater que le rythme était moins effréné que dans d'autres catégories de population.

Ainsi au 1er février, 25,2% des professionnels exerçant dans ces structures avaient reçu une première dose et 60,4% au 1er avril. En comparaison, chez les résidents – la vaccination a démarré le 27 décembre 2020 – 55% étaient vaccinés au 1er février et 94,5% au 1er avril.

Alors comment expliquer le faible engouement des professionnels de santé? Pour le Dr Odile Launay, le manque d'informations sur l'efficacité des vaccins a pu faire basculer l'avis des soignants ou repousser l'échéance. Au début de la campagne, "on ne savait pas si les vaccins étaient efficaces contre la transmission, ça a peut-être était un message contre-productif chez eux", analyse-t-elle.

Aujourd'hui, "les données que l'on a montrent qu'en cas de contamination au Sars-CoV-2, après la vaccination, l'excrétion virale est faible".

D'autres données israéliennes provenant d'une cohorte de professionnels de santé vaccinés montrent "qu'on a 10 fois moins de risques d'être porteur du virus et y compris porteur asymptomatique. Aujourd'hui, donc, il n'y pas de discussions, le vaccin marche sur la transmission", a-t-elle assuré.

D'autres motifs ont pu conduire au refus vaccinal, comme le manque de recul scientifique, sans oublier le couac autour du vaccin d'AstraZeneca, passant d'une recommandation à tous les soignants aux personnes de plus de 55 ans uniquement.

La stratégie de la pédagogie

Sauf que le Pr Bruno Lina, virologue au centre international de recherche en infectiologie (Ciri) de l'Inserm ainsi qu'aux Hospices civils de Lyon (HCL), estime que ces refus font courir des risques supplémentaires aux résidents.

Réalisant un parallèle avec les épidémies grippales, celui qui est aussi membre du conseil scientifique Covid a exposé que "dans une enquête réalisée sur les interactions des personnes dans une structure de gériatrie hospitalière, il s'est avéré que les patients sont ceux qui ont le plus de contacts différents en une seule journée et que les paramédicaux sont les professionnels de santé qui interagissent le plus avec eux".

Les paramédicaux seraient aussi les plus à mêmes de propager les virus dans les établissements, selon le virologue. "D'autres données portant sur les réseaux de transmission de la grippe suggèrent que lorsqu'il y a une transmission d'un virus influenza [grippe, NLDR] dans une structure, c'est pratiquement toujours un soignant qui a introduit le virus et c'est lui qui le transmet à des patients ou d'autres soignants. A contrario, les patients entre eux ne s'infectent pas", a souligné le Pr Lina.

Pour améliorer la couverture vaccinale contre le Covid-19 et d'autres pathologies (grippe, zona…) de ces professionnels de santé, le Pr Jacques Gaillat, infectiologue au centre hospitalier Annecy-Genevois en Haute-Savoie, recommande de faire de la pédagogie. "Elle manque cruellement chez nous. Des méthodes comme l'entretien motivationnel autour de la vaccination [une méthode qui existe déjà entre un professionnel de santé et un parent d'enfant] pourraient être mises en avant pour les former au long cours. En revanche, leur dire de but en blanc: 'Allez vous faire vacciner', non... ça a été un échec avec la grippe H1N1" en 2009, a rappelé l'infectiologue.

Ces dernières semaines, plusieurs Ehpad ont remonté des cas de Covid-19 après vaccination.

L'Association nationale des médecins coordonnateurs et du secteur médico-social (MCoor) a de son côté demandé fin avril aux autorités sanitaires de rappeler "de façon claire" que "les personnels des Ehpad doivent être vaccinés, sans exception".

Et pour connaître l'évolution de l’épidémie dans les Ehpad après les campagnes de vaccination et notamment le nombre de clusters ou de cas sporadiques, MCoor a démarré une enquête le 15 mars auprès d'établissements volontaires.

Si la fin de cette étude est programmée le 15 juin, des résultats préliminaires ont été présentés lors de la journée scientifique de la SFGG par le Dr Odile Reynaud-Levy, vice-présidente de l'association.

"Plus de trois quarts des Ehpad sur les 107 interrogés n'ont pas eu de cas Covid+ après la première dose d'un vaccin, c'est remarquable", analyse-t-elle. Toutefois, après une vaccination complète, "un peu moins d'un quart des établissements ont eu des cas", a-t-elle commenté.

Pour cette praticienne, ces résultats bruts confirment l'hypothèse que les vaccins sont efficaces sur des personnes fragiles mais que le risque zéro n'existe pas.

Sophie Martos

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