Elodie et Corinne, animatrices en parfaite osmose

Publié le par Françoise Prevel

Elodie 42 ans et Corinne 58 ans, sont les animatrices de l’Ehpad le Domaine de Charaintru à Savigny-sur-Orge qui accueille une centaine de résidents (avec 10 places en accueil de jour). Elles sont toutes les deux très motivées par leur travail

L’animatrice coordinatrice. Elodie, exerce le métier depuis 25 ans dont 21 ans dans cet établissement. Après un parcours d’animatrice pour jeunes puis faisant fonction d’aide-soignante, elle a découvert le métier d’animateur en gériatrie lors d’un stage à l’Hôpital Joffre Dupuytren de Draveil. Titulaire d’un DUT carrière sociale, d’un DEFA et d’un DEJEPS option animation sociale, elle a toujours voulu évoluer et se perfectionner. C’est ainsi qu’elle est devenue également intervenante en médiation par l’animal (formation de chargé de projet en MA reconnue RNCP) et formatrice occasionnelle auprès de la FNAQPA (Fédération pour l’avenir et la qualité de vie des personnes âgées).

Le choix de l’Ehpad pour apporter la joie de vivre

Elodie a choisi de travailler en Ehpad pour contribuer à changer le regard des gens sur la vieillesse et comprendre davantage les dégénérescences afin de mieux accompagner les résidents dans la bienveillance. Son objectif est de leur apporter la joie de vivre et l’envie de continuer d’avancer malgré la fin de vie.

Corinne exerce le métier depuis 11 ans, date de son entrée à l’Ehpad. Après diverses fonctions dans le secteur tertiaire (banque, secrétariat, marketing) et après un licenciement et un bilan de compétences, elle a souhaité se diriger vers le secteur social. Elle a eu le déclic lors d’un stage en Ehpad en suivant une formation d’animateur auprès des personnes âgées. Recrutée à l’Ehpad Charaintru pour remplacer un congé maternité, elle n’en est plus repartie. Elle a ensuite obtenu son BPJEPS option animation sociale par le biais de la VAE. Elle a toujours ressenti le besoin d’aider et de soutenir les personnes âgées en étant à l’écoute de leurs besoins et désirs et ainsi leur permettre d’avoir une vie sociale de qualité. Elle se plait à dire que c’est sa vocation tardive.

Des animations adaptées aux résidents

Complémentaires dans leurs compétences, leur travail d’équipe se veut toujours innovant pour répondre à un challenge quotidien. Elles ont la chance de bénéficier d’une grande indépendance par rapport aux choix des animations, des partenaires et de l’organisation d’évènements et d’avoir le soutien et la reconnaissance de leur direction.

L’Ehpad met à disposition 3 salles dédiées en plus de petits espaces, un salon de coiffure, une cuisine adaptée qui peut faire l’objet d’activités thérapeutiques, une salle de relaxation, des salons télé…  Le matin les animations se font en petits groupes ou à titre individuel.   Les résidents doivent s’inscrire aux activités, proposées en fonction de leur pathologie, comme par exemple la gym douce ou des ateliers centrés sur la mémoire. Certains résidents peuvent même sortir faire des courses avec une animatrice. Les regroupements se font le plus souvent avec des groupes homogènes et en suivant autant que faire se peut, l’histoire de vie des résidents et le recueil de loisirs rempli à leur entrée.

Une médiation par l’animal

Elodie propose, avec du matériel pédagogique adapté de la médiation par l’animal. Ces séances se font avec son chien qui vient sur l’Ehpad deux fois par semaine mais aussi avec des cochons d’inde, à demeure au sein de l’établissement.  Par ailleurs, un chat et des oiseaux font également le bonheur des résidents.

Pour faire face à une diminution constante de budget, elles ont créé en 2013 une association qui leur permet d’être indépendantes, de financer et de réfléchir constamment à la mise en place de projets divers (séjours, sorties…). Elodie a en charge la recherche de subventions et de partenaires extérieurs. C’est ainsi que l’Ehpad a pu obtenir un bus de 9 places adapté aux personnes à mobilité réduites (6 places assises et 3 fauteuils ancrés) financé par la Fondation de France, la Fondation JM Bruneau, le Rotary club et l’association Anim’actions Charaintru. Ce véhicule permet par exemple, d’organiser des séjours courts pour certains résidents ou des sorties diverses (pique-nique, parc, piscine, restaurant…) pour l’instant stoppé en raison de la pandémie. Les résidents sont parties prenantes dans cette association puisqu’ils vendent des objets ou produits (confitures) qu’ils fabriquent eux-mêmes. Il est primordial de fédérer le personnel, les familles et les résidents à leurs projets.  Depuis sa création, une dizaine de bénévoles interviennent régulièrement dans des actions spécifiques (accompagnement en sortie, chants, activités manuelles, jeux de société …).  

L’association a une page Facebook, sur laquelle sont mises régulièrement des photos. Un journal interne réalisé en collaboration avec les résidents est diffusé chaque trimestre. Il n’y a pas d’animation le week-end, réservé prioritairement aux visites des familles.

Un métier qui évolue

Durant les périodes de pandémie, elles ont dû mettre leurs animations en veille, se consacrant principalement à l’accompagnement des familles au « parloir » comme elles l’appellent et la reprise du rythme des activités a été quelque peu difficile.

La reconnaissance des résidents à qui elles apportent bien-être et joie de vivre, la création du lien social, les réconfortent dans leur mission. Le soutien des aidants est aussi important.

Toutes deux regrettent cependant le clivage entre le soin et la vie sociale où l’on a tendance à ne pas prendre au sérieux l’importance de leur fonction et leur investissement. L’esprit d’équipe du personnel de certains services n’est pas toujours là. Pourtant le soin et le social sont complémentaires et tout aussi important, l’un soignant le corps et l’autre l’esprit.

Le métier a évolué et est mieux reconnu, mais il faudrait continuer à professionnaliser le métier d’animateur et le valoriser. Le GAG (groupement des animateurs en gérontologie) a fait avancer les choses puisque grâce à lui, davantage de diplômes sont reconnus et le métier a évolué dans le bon sens. Via la FNAQPA, Elodie forme d’ailleurs des personnes à son métier. Elle-même aurait souhaité se tourner vers le métier de psychomotricienne, mais la perte de son ancienneté l’a fait renoncer.

Le mot de la fin par Elodie et Corinne sur leur rôle « donner envie d’avoir envie (de vivre) jusqu’au bout ».

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