Crise sanitaire et attractivité des métiers du grand âge 

Publié le par Réseau inter CVS 91

 

Déclaration de l’Inter CVS 91 au CDCA du 18 novembre 2021

Voici la contribution de notre réseau d’élus de conseil de la vie sociale en Ehpad à partir de son champ d’action départemental

  1. La crise sanitaire dans les Ehpad

La crise sanitaire a amplifié des difficultés de fonctionnement dans les Ehpad.

Les résidents ont été touchés par le virus, moins dans la deuxième vague de la pandémie grâce aux vaccins, mais davantage par les conséquences de l’enfermement pendant des mois sur leur santé physique, psychique avec une surmortalité. Des problèmes subsistent sur la gestion du linge, la prise des repas et l’horaire du coucher.

Les professionnels ont fait face avec une intensité de leur travail, amplifiée par le manque de personnel, la durée de la crise et l’absence des familles qui les obligent à assurer un rôle de « soutien affectif ». L’absentéisme et les départs post crise de professionnels semblent se préciser.

Les relations sociales ont été percutées par le confinement et l’interdiction des visites. Des tensions et une défiance se sont installées entre des familles, le personnel et des directions par manque de liberté d’aller et venir dans l’établissement.

Les conseils de la vie sociale et leurs représentants ont été entravés dans leur mission, faute de pouvoir rencontrer les résidents, les familles et les professionnels. Le plus souvent, Ils n’ont pas pu se réunir régulièrement et être toujours consultés sur les mesures de restrictions sanitaires, malgré les recommandations de l’ARS et du ministère.

  1. Attractivité des métiers et difficultés de recrutement dans le secteur du grand âge

Cette situation existe depuis des années, dans toutes les catégories du personnel, y compris dans les postes d’encadrement. La crise sanitaire et la dramatisation de la situation dans les Ehpad ont accru la mauvaise image de leur travail et du bien-être des résidents. L’Ehpad est un lieu de vie et de fin de vie qui mérite d’être reconnu autrement et pour penser l'établissement de demain.

Les conditions de travail, le manque d’effectifs et le niveau des rémunérations ne facilitent par l’attrait des métiers du grand âge, tant en établissement qu’à domicile. On doit également intégrer l’accès aux transports et au logement. Et aussi les directions sous pression qui parfois doivent gérer deux établissements. Le turn-over de directions ne n'assure pas la continuité des bonnes relations sociales

Des avancées, l’accord du Ségur de la santé s’est traduit par une valorisation des salaires de 165 à 183 euros net par mois en établissement. Les 200 000 salariés de l’aide à domicile dans le secteur associatif ont obtenu par accord une majoration de leurs salaires de 15%.L’application dépend désormais de la participation des Départements. Un tarif plancher national de prestation à 22 euros l’heure travaillée à domicile est instauré par le ministère.

L’abandon de la loi grand âge a été compensée que très partiellement dans le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) de plusieurs milliards d’euros, c’est une étape, mais qui ne règle pas le problème des effectifs insuffisants et le niveau de qualification actuel face aux multiples pathologies en Ehpad. La future loi, attendue depuis des décennies, ne doit pas être abandonnée.

L’image des métiers du grand Age attire peu les jeunes. Par contre, 92% des Français considèrent ces professions, comme des métiers d’avenir (source IFOP, rapport 2020 El Khomri). 350 000 personnes seront à recruter pour le Grand âge d’ici à 2025. En Ile de France sans les professionnels d’origine étrangère, nos anciens ne seraient pas accompagnés. Les aidants familiaux et proches aidants sont aussi une contribution essentielle à l’accompagnement, mais vu l’évolution des familles leur présence pourrait diminuer.

Espérons que les nouvelles mesures d’attractivité, dont celles de l’apprentissage, auront des effets positifs. Les conseils départementaux doivent être mobilisés. Qu’en serait-il du département de l’Essonne engagé dans le dispositif national de plate-forme des métiers de l’autonomie ?

  1. Notre collectif Inter CVS 91 a amplifié ses actions

Le réseau Inter CVS 91 a accru ses échanges, ses conseils et la participation des élus de CVS pendant la crise par visio-conférences mensuelles. Ils continuent sous cette forme et en présentiel

Nos interventions se poursuivent pour le respect des droits des résidents, le retour à une vie sociale normale et par la conduite de futures enquêtes. A travers notre blog Inter CVS 91 nous avons fait le choix de raconter la vie en Ehpad à partir de portraits de tous les acteurs de la vie sociale. L’objectif est de valoriser la relation et l’expression des personnes âgées, le travail d’accompagnement que réalisent les professionnels avec nos ainés, ainsi que ceux des familles, des proches aidants, des élus de CVS et des bénévoles.

En plus de ses réunions au cours de l’année, le CVS apporte aussi des conseils aux familles dans le comportement à avoir avec les professionnels pour une reconnaissance réciproque.

Les relations croisées par un dialogue constructif entre les familles, les professionnels et les résidents changent le regard de tous sur tous et rehaussent l’intérêt des métiers. Elles facilitent le règlement de dysfonctionnements

Au-delà des conditions sociales, il faut aussi changer les représentations, évoquer aussi ce qu’apportent un jeune à un ancien et ce qu’apporte un ancien à un jeune dans les activités du grand âge.

 

 

 

 

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