Soins palliatifs : les Ehpad, "angle mort" de la prise en charge

Publié le par Réseau inter CVS 91

La Cour des comptes, dans son avis du 5 juillet, recommande de booster la formation des professionnels des Ehpad et les interventions des équipes mobiles de soins palliatifs.

Notre inter CVS partage cet avis. Voici un extrait de l'article paru dans Gerontonews

....Pour l'heure, l'offre de soins palliatifs, selon le rapport de la Cour a augmenté essentiellement à l'hôpital, qu'il s'agisse des lits spécialisés (Lisp) ou [des] unités de soins palliatifs (USP), mais les disparités territoriales sont toujours présentes et même si l'hospitalisation à domicile [HAD] en soins palliatifs a augmenté de 30% entre 2018 et 2021, l'offre de soins à domicile demeure lacunaire voire inexistante dans les établissements médico-sociaux", résume-t-elle, comme elle le disait déjà en 2015.
"La dépense publique de soins palliatifs est de 1,4 milliard d'euros en 2021, soit une augmentation de 24,6% depuis 2017, principalement imputable aux séjours hospitaliers en unité de soins palliatifs, dont la tarification augmente de 12,6% sur la période et plus rapidement que le nombre de lits."
"Elle sera en augmentation dans les années à venir, en raison du choc démographique. Celui-ci doit conduire les pouvoirs publics à développer une offre complémentaire à l'hôpital, en particulier à domicile et en établissement médico-social, plus efficiente et permettant un parcours de soins gradué, de façon à répondre aux besoins sans augmenter les coûts de façon proportionnelle", demande-t-elle.
A ce jour, les Ehpad sont considérés comme un "angle mort dans l'arsenal des mesures sanitaires relatives aux soins palliatifs", note-t-elle. La Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) "[reconnaît] d'ailleurs manquer de visibilité sur l'offre de soins palliatifs en Ehpad et sur les dépenses en soins des résidents qui y sont consacrées".
En 2021, le Sénat aussi avait appelé à mieux outiller les établissements.
Selon la Cour des comptes, l'un des exemples les plus significatifs de la faiblesse du pilotage des soins palliatifs en Ehpad se trouve dans la gestion du sujet au sein des agences régionales de santé (ARS). "Alors qu'il s'agit d'un objectif national clairement identifié dans le plan de soins palliatifs 2021-2024, seules cinq ARS [Bourgogne-Franche Comté, Hauts-de-France, Île-de-France, Normandie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur] sur 13 ont inscrit dans leur schéma régional de santé un objectif d'amélioration de la prise en charge palliative en Ehpad, sans toutefois accompagner cette ambition d'objectifs chiffrés", résume-t-elle.
"Pour les patients qui le souhaitent, la possibilité de recevoir des soins palliatifs à domicile ou en Ehpad s'avère complexe: les médecins traitants et médecins [coordonnateurs], pivots de la coordination du parcours de soins, sont trop peu nombreux et trop peu formés à ces prises en charge", assure-t-elle.
La démographie médicale limitée et le manque d'astreintes d'infirmières la nuit sont également d'autres obstacles constatés.
Selon les données de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) de 2018, plus des trois quarts (77%) des décès des résidents ont lieu dans l'établissement et 15,5% au cours d'une hospitalisation. "Il est donc essentiel qu'une offre de soins palliatifs complète et adaptée soit organisée dans ces établissements", détaille la Cour.
Parmi les priorités, développer les conventions avec une équipe mobile de soins palliatifs (EMSP). Selon les données de la Drees, en 2019, 77% des établissements étaient en partenariat avec une EMSP.
Toutefois, leurs actions en Ehpad restent "limitées". "Elles ne représentent que 8% de leurs interventions et concerneraient environ 6.400 résidents", fait remarquer la Cour des comptes.
Les établissements s'appuient aussi sur l'HAD qui mériterait d'être plus développée.
"Selon la Fédération nationale des établissements d'hospitalisations à domicile (Fnehad), ce dispositif dans les établissements sociaux et médico-sociaux représente près de 10% de son activité totale, dont 95% en Ehpad: ces interventions concernaient environ 7.600 résidents en 2022", rapporte-t-elle.
 
Pour avoir des financements proches des besoins et éviter les reconductions automatiques, elle propose de définir des indicateurs d'activité (file active, nombre de décès à domicile, part des hospitalisations la dernière semaine de vie). "La fixation par le ministère chargé de la santé d'un taux maximal de charges indirectes devrait également permettre d'éviter les écarts injustifiés constatés", estime-t-elle.
Elle recommande aussi de rénover le cahier des charges des EMSP et de les développer afin de couvrir l'ensemble du territoire. Selon ses calculs, il faudrait environ "200 EMSP extrahospitalières supplémentaire […], soit un coût d'environ 73,6 M€".
Valérie Lespez et Sophie Martos
 

 

 

Publié dans Etudes, enquêtes

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